Chez Louise & Michel est un projet d’habitat collectif autogéré et durable de quinze à vingt logements à Paris ou proche banlieue.
Son originalité comme projet de covoisinage est double. Elle se traduit d’abord dans une conception qui fait la part belle aux espaces collectifs : les habitants disposent bien sûr d’espaces privatifs, de dimensions assez réduites, qu’ils aménagent librement mais mettent en commun sanitaires et cuisine en plus des espaces de services et loisirs traditionnellement partagés en habitat groupé. Elle se traduit également par un choix de structure juridique adapté du modèle allemand du Miethaüser Syndikat : immeuble et terrain sont la propriété d’une SARL à l’intérieur de laquelle sont associés habitants et « tête de réseau » (le CLIP), les habitants sont locataires de leurs logements et gèrent le lieu de façon autonome, le rôle de la « tête de réseau » est de bloquer toute opération de vente / achat spéculative, d’accompagner les habitants et à terme d’animer un réseau de solidarité entre projets (par exemple en facilitant le transfert de fonds d’un projet à l’autre lorsque les emprunts bancaire seront remboursés). Un choix longuement mûri et nourri des expériences des porteurs du projet en Allemagne notamment. Une expérience à suivre comme possible modèle de structure juridique alternative.
Initié il y a bientôt trois ans, Chez Louise et Michel compte actuellement sept ménages, après avoir finalisé le montage juridique
La question juridique de l’habitat coopératif
Fréquemment évoquée comme l’un des freins majeurs au développement de l’habitat coopératif, la question juridique est dans tous les esprits des porteurs de projets et structures d’accompagnement. En cause, l’absence d’un cadre juridique spécifiquement adapté aux coopératives d’habitants (les coopératives d’habitation existent dans le champ du logement social) depuis l’abrogation en 1971 des lois autorisant coopératives de location et de location – attribution.
Si le constat est unanime, les solutions envisagées sont multiples : création d’un statut spécifique (dont le contenu n’est pas très clair) défendue par Habicoop, montages exploitant les cadres existants (SCIAPP, S3C …) défendus entre autres par AERA (Toulouse) ou le GRT Ouest (réseaux d’associations et professionnels de l’accompagnement); et en l’absence d’un réel effort pédagogique demeurent peu lisibles pour les porteurs de projets. Sans compter que chaque projet étant particulier (inscrit dans un territoire et dans un contexte spécifique, disposant de ressources financières très variables, se donnant des objectifs propres), l’idée même de solutions « clés en main » paraît extrêmement délicate à mettre en oeuvre.
Espérons là-aussi que les rencontres du covoisinage et de l’habitat partagé ou groupé, sauront clarifier les options et perspectives qui s’offrent aux porteurs de projets.